Préface

Les jumeaux numériques de villes sont devenus des projets emblématiques de la smart city.

‍

Ces répliques virtuelles des territoires suscitent beaucoup d’intérêt : elles donnent à voir le territoire tel qu’il fonctionne, en 3D, de manière augmentée.

Un jumeau numérique peut par exemple permettre de voir le sous-sol du territoire, la composition des couches géologiques, la localisation des différents réseaux, les fondations des bâtiments et les interventions planifiées.

Le coût et l’ampleur des projets les plus médiatiques nous ont amenés à nous interroger : le jeu en vaut-il la chandelle ?

Les villes moyennes ont-elles les moyens de développer de tels outils ?

Et les moyens à déployer sont-ils proportionnés à leurs problématiques ?

Les cas de Rennes et de Singapour sont sans doute les plus connus, et comptent aussi parmi les premiers du genre.

Mais beaucoup d’autres villes se sont lancées à leur tour dans la création de leur jumeau numérique : Amsterdam, Londres, Genève, Strasbourg ou encore la Région Île-de-France ont rejoint le mouvement.

‍

A partir de la trentaine de projets identifiés à travers le monde, nous avons observé la diversité des approches, des cas d’usage, des échelles et des outils utilisés.

‍

L’attrait du jumeau numérique vient notamment du potentiel presque illimité d’applications, en matière de communication, d’optimisation budgétaire, d’e-administration, de gouvernance, de prise de décision, et d’innovation.

A la Métropole de Lyon, il a été utilisé pour communiquer sur les opportunités foncières auprès des acteurs immobiliers.

A l’Agglomération Pau Béarn Pyrénées l’ambition est de simuler les coûts d’exploitation pour les optimiser et réduire les coûts et les délais des projets d’aménagement.

A Helsinki, il est utilisé pour créer des simulations de phénomènes physiques notamment les simulations 3D de la dynamique des flux du vent, la simulation de l’apport solaire et la simulation des ombres portées au sol dans le cadre de l’aménagement d’un quartier.

‍

Si les applications varient d’une ville à l’autre, ces projets ont des points communs :

• tous les jumeaux numériques offrent la visualisation 3D du territoire et de ses données, un espace de collaboration dans un environnement commun de données, et de la gestion documentaire
• ils sont avant tout un outil de collaboration, ouvert à plusieurs métiers.
• ils n’ont de sens que si un travail préalable de préparation et de mise en place d’une gouvernance des données a été fait.
• aucun n’est « complet » : de nombreux cas d’usage restent à explorer, tant les possibilités offertes sont larges, notamment dans le champ de la modélisation et de la simulation.

Ainsi, les perspectives ouvertes sont séduisantes, mais on ne saurait conseiller à toutes les collectivités de se lancer tête baissée dans de tels projets.

Celles qui adoptent une approche progressive, s’appuyant sur leurs ressources internes, et développant pas à pas les fonctionnalités répondant à des besoins opérationnels semblent tirer leur épingle du jeu.

Les coûts de développement sont maîtrisés, et les choix technologiques tiennent compte des enjeux d’interopérabilité.

‍

On ne saurait insister suffisamment sur le caractère structurant d’une telle infrastructure numérique.

‍

Aussi les enjeux de cybersécurité, d’interopérabilité, et de propriété des données sont essentiels.

Vous retrouverez en seconde partie de cette étude, adressée aux décideurs et opérationnels des collectivités territoriales, les étapes à anticiper dans la construction d’un jumeau numérique du territoire : les points d’attention à observer, les pré-requis nécessaires, les coûts à anticiper, …

Cette proposition ne se prétend pas exhaustive mais elle a vocation à apporter quelques points de repère pour éclairer la décision publique.

Vous l’aurez compris, la Banque des Territoires a à cœur de proposer à ses clients des grilles de lecture et des outils pour mieux les accompagner dans leurs projets innovants.

Le jumeau numérique de la ville en fait partie et s’intègre dans nos actions en faveur de territoires plus et mieux connectés.

‍

Bonne lecture

‍

Benoît Parizet,

Directeur de la transformation numérique
de l’EP et de la stratégie digitale
de la Banque des Territoires

‍

Juillet 2021

‍

Étude complète

https://www.banquedesterritoires.fr/miroir-miroir-le-jumeau-numerique-du-territoire-0

‍